L’escalade des menaces climatiques, les espèces exotiques envahissantes et les agents pathogènes mettent en péril les sites naturels du Patrimoine mondial

L’escalade des menaces climatiques, les espèces exotiques envahissantes et les agents pathogènes mettent en péril les sites naturels du Patrimoine mondial

Communiqué de presse

Abu Dhabi, Émirats arabes unis, 11 octobre 2025 (Congrès mondial de la nature de l’UICN) - Les changements climatiques menacent désormais 43% des sites naturels du Patrimoine mondial, dépassant toutes les autres menaces, selon la nouvelle édition de Perspectives du Patrimoine mondial 4 de l’UICN, publiée aujourd’hui. Les espèces exotiques envahissantes (EEE) restent la deuxième menace actuelle la plus répandue, affectant 30% de tous les sites. Le rapport met également en garde contre une forte augmentation du risque de maladies de la vie sauvage et des plantes. Dans 9% des sites, la menace que représentent les agents pathogènes est élevée ou très élevée, contre seulement 2% en 2020. 

Namib Sand Sea (Namibia) by Peter Howard, IUCN.jpg

Perspectives du Patrimoine mondial 4 de l’UICN s’appuie sur quatre cycles d’évaluations réalisées depuis 2014. Il s’agit de l’évaluation la plus complète de l’ensemble des sites naturels du Patrimoine mondial dans le monde et révèle pour la première fois les tendances des perspectives de conservation de ces sites sur une période de dix ans. Au cours de la dernière décennie, la proportion de sites présentant des perspectives de conservation positives est tombée à 57% en 2025, contre 62% en 2020. Les sites reconnus pour leurs valeurs de biodiversité sont touchés de manière disproportionnée. 

Le rapport complet, les photos et les traductions sont disponibles ici 

« Protéger le Patrimoine mondial ne consiste pas seulement à sauvegarder des lieux emblématiques. Il s’agit de protéger les fondements mêmes de la vie, de la culture et de l’identité des peuples du monde entier », a déclaré la Dr Grethel Aguilar, Directrice générale de l’UICN. « Ces sites sont parmi les plus remarquables du monde, et abritent une biodiversité et une géodiversité extraordinaires. Ils soutiennent des communautés, inspirent des générations et nous connectent à notre histoire commune. La nouvelle édition de Perspectives du Patrimoine mondial de l’UICN montre que les menaces augmentent et que des efforts plus importants sont nécessaires. Nous devons nous unir autour d’actions plus engagées sur le terrain et d’investissements plus importants pour garantir la pérennité de ces trésors irremplaçables, pour la nature, pour les personnes et pour les générations à venir ». 

Des menaces interconnectées, intensifiées par les changements climatiques 

Les changements climatiques constituent actuellement la plus grande menace pour les sites naturels du Patrimoine mondial dans le monde et sont désormais évalués comme une menace élevée dans 43% des sites (117 sur 271 sites évalués), contre 33% en 2020. 

Les espèces exotiques envahissantes (EEE) restent la deuxième menace actuelle la plus répandue, tandis qu’une recrudescence des maladies de la vie sauvage et des plantes affecte désormais neuf pour cent des sites (23 des 271 sites évalués), contre seulement deux pour cent (cinq des 252 sites évalués) en 2020. Des maladies telles que le virus Ébola chez les primates (Parc national des Virunga, RDC), le syndrome du museau blanc chez les chauves-souris (Mammoth Cave, États-Unis), la chytridiomycose chez les amphibiens (Tasmanian Wilderness, Australie), la grippe aviaire (Péninsule de Valdés, Argentine) et la maladie mortelle affectant les mangroves des Sundarbans (Bangladesh) ont un impact sur les écosystèmes et menacent des espèces clés. 

Les menaces liées aux espèces envahissantes et aux maladies sont souvent interconnectées et intensifiées par les changements climatiques. Les changements des températures et des régimes de précipitations peuvent permettre aux espèces envahissantes de se propager plus rapidement et plus loin, et peuvent également modifier les conditions des agents pathogènes. Le tourisme non durable, troisième menace actuelle la plus répandue, peut également favoriser leur propagation. Il est essentiel de prévoir et de prévenir ces impacts en cascade, non seulement pour les écosystèmes, mais également pour la santé humaine. 

Des signes de résilience, lorsque la gestion est efficace 

Une gestion efficace est essentielle pour faire face aux menaces croissantes qui pèsent sur les sites naturels du Patrimoine mondial. Cependant, le rapport constate que seulement la moitié (50%) de tous les sites évalués bénéficient d’une protection et d’une gestion efficaces. Les résultats révèlent également qu’un site sur sept (15%) est fortement menacé par un manque de financement durable, compromettant la résilience et les perspectives des endroits les plus emblématiques de la planète. Le rapport exhorte les gouvernements, les donateurs et les partenaires internationaux à intensifier la collaboration et le financement. 

A l’inverse de ces tendances, treize sites ont amélioré leurs perspectives de conservation entre 2020 et 2025, démontrant que des investissements ciblés et une implication locale fonctionnent. Quatre sites en Afrique centrale et de l’Ouest (réserve faunique du Dja (Cameroun), parcs nationaux de la Salonga et de la Garamba (RDC) et parc national du Niokolo-Koba (Sénégal)) sont passés d’une situation critique à une situation préoccupante grâce au renforcement des efforts de lutte contre le braconnage, à des partenariats locaux et à la stabilisation de populations animales clés. 

« Perspectives du Patrimoine mondial 4 de l’UICN montre à la fois l’ampleur des défis et le pouvoir d’une gestion efficace. Assurer la résilience des sites naturels du Patrimoine mondial nécessite un engagement à long terme à tous les niveaux, des communautés locales aux partenaires internationaux, soutenu par un financement adéquat », a déclaré Tim Badman, Directeur du Patrimoine mondial à l’UICN. « Le panorama que nous observons après une décennie montre qu’une nouvelle approche est nécessaire pour inverser les tendances pour le Patrimoine mondial et étendre le petit nombre de succès au grand nombre de sites dans le besoin ». 

Perspectives du Patrimoine mondial 4 de l’UICN appelle à une plus grande reconnaissance du leadership et des connaissances traditionnelles des peuples autochtones, notant que l’intendance autochtone, des groupes d’éco-gardes du parc national australien d’Uluųu-Kata Tjuųa à une protection marine communautaire dans le Pacifique, a amélioré la résilience des sites et les résultats en matière de biodiversité. L’UICN travaille avec les réseaux de peuples autochtones pour s’assurer que leurs connaissances et leurs droits façonnent les futures stratégies de conservation. 

La Stratégie de l’UICN pour le Patrimoine mondial ainsi que son projet de Programme 2026-2029 définissent les voies à suivre pour combler les déficits de financement actuels, renforcer les mesures de gestion et soutenir des partenariats de conservation innovants dans le cadre de la Convention du Patrimoine mondial.