« Le Congrès de l’UICN représente une opportunité stratégique majeure » – Daouda Ngom partage ses espoirs pour le prochain Congrès

« Le Congrès de l’UICN représente une opportunité stratégique majeure » – Daouda Ngom partage ses espoirs pour le prochain Congrès

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Daouda Ngom, ministre sénégalais de l’Environnement et de la Transition écologique, considère le Congrès de l’UICN comme un moment stratégique pour mettre en valeur l’innovation africaine, renforcer les partenariats mondiaux et régionaux, et contribuer à l’élaboration d’un programme commun pour des écosystèmes résilients, des communautés autonomes et une croissance verte inclusive. 

Government of Senegal

1. Quels sont vos espoirs ou ambitions pour le Congrès de l’UICN ?

Le Congrès de l’UICN représente pour nous une opportunité stratégique majeure de mutualiser les expériences, les innovations et les savoirs au service de la transformation profonde de nos modèles de production, de consommation et de valorisation durables des écosystèmes.

Notre ambition est de nous inspirer des meilleures pratiques internationales tout en les adaptant à notre contexte national et territorial. Ces échanges viennent nourrir notre agenda de transformation systémique, notamment à travers l’axe 3 de la Vision Sénégal 2050 (sur les changements structurels en faveur d’une économie verte et inclusive) et la priorité 9 (sur la résilience écologique).

Nous espérons également que ce Congrès permettra de :

  • Consolider les partenariats Sud-Sud et Nord-Sud autour d’initiatives concrètes en faveur de la biodiversité, de la gouvernance environnementale et du financement climatique ;
  • Valoriser les initiatives africaines innovantes dans la conservation et la restauration des écosystèmes, en leur offrant une visibilité accrue sur la scène internationale ;
  • Favoriser l’émergence de coalitions régionales autour de thématiques prioritaires comme la restauration des terres, la lutte contre les espèces envahissantes, la conservation communautaire ou encore l’économie circulaire ;
  • Renforcer les capacités nationales, notamment en matière de science, de planification et de suivi-évaluation, à travers des échanges techniques, des formations et des plateformes collaboratives.

En somme, nous plaçons de grands espoirs dans le Congrès de l’UICN pour catalyser une dynamique d’action partagée, audacieuse et porteuse d’impacts mesurables pour la nature, les populations et l’économie. 

 

2. Quelle est l’importance du leadership régional et mondial pour faire progresser les actions en faveur de la nature ?

Le leadership régional et mondial est aujourd’hui plus que jamais indispensable pour impulser un véritable changement de cap en faveur de la nature. Il s’agit d’un levier essentiel pour faire converger les ambitions politiques, mobiliser les financements, diffuser les innovations, et assurer une mise en œuvre cohérente et équitable des grands engagements environnementaux.  

Le Sénégal en est bien conscient et agit déjà concrètement sur plusieurs fronts :

  • Nous avons pleinement intégré les engagements du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, que nous considérons comme un levier fondamental pour guider nos politiques nationales. À cet égard, l’adoption en cours de notre première loi sur la biodiversité marque une étape historique pour doter notre pays d’un cadre juridique robuste, aligné sur les ambitions internationales.
  • Notre action s’inscrit aussi dans le cadre plus large de la justice climatique, de l’Accord de Paris, de la Convention des Nations Unies sur la désertification, et plus récemment avec la signature de l’accord BBNJ sur la biodiversité marine lors de la troisième conférence des Nations Unies sur les Océans à Nice en juin 2025.

Le Sénégal a déjà démontré sa capacité à porter des initiatives internationales majeures, comme l’organisation du 9e Forum mondial de l’eau en 2022. Cette dynamique se poursuivra avec la Convention mondiale de l’eau prévue en 2026, qui constituera un tournant stratégique pour faire de la gestion de l’eau un pilier des politiques environnementales et de développement durable, à l’échelle planétaire. Le Sénégal a démontré sa capacité à porter des événements d’envergure internationale, comme le 9e Forum mondial de l’eau en 2022, et nous serons fiers d’accueillir le 6e Congrès mondial des aires marines protégées en 2027, une première pour une nation africaine.

Notre ambition est claire : exercer un leadership politique, scientifique et opérationnel, pour faire de l’Afrique de l’Ouest une locomotive en matière de conservation, d’utilisation durable des ressources naturelles et de gouvernance environnementale inclusive.

Enfin, avec les Jeux olympiques de la jeunesse à Dakar en 2026, nous voulons aussi mobiliser la jeunesse mondiale autour de la cause environnementale, en montrant que sport, nature et avenir sont intimement liés.

 

3. Quels seront les messages clés que vous porterez au congrès de l’UICN ?

Nos messages reposeront sur une conviction forte : il n’y a pas de développement durable sans écosystèmes résilients et sans communautés autonomes et solidaires.

Il s’agira notamment de :

  • Promouvoir des stratégies économiques intégrées – verte, bleue, sociale et solidaire – qui permettent à la fois de protéger les écosystèmes et de garantir des moyens de subsistance décents et durables pour nos populations en particulier les jeunes, les femmes et les communautés locales ;
  • Insister sur la restauration écologique comme un levier d’action prioritaire face à la dégradation des terres, à la perte de biodiversité et aux effets du changement climatique. Cette restauration doit s’appuyer sur des approches fondées sur la nature, la science et les savoirs traditionnels ;  
  • Œuvrer à l’anticipation des chocs climatiques, en mettant en avant les initiatives portées par les collectivités locales, les organisations communautaires et les acteurs non étatiques ; et la valorisation durable de la biodiversité ;
  • Encourager une gestion rationnelle et équitable des ressources naturelles, qui respecte à la fois les équilibres écologiques, les droits humains et les besoins des générations futures ;  
  • Renforcer la gouvernance environnementale, en favorisant la transparence, la participation citoyenne, et la redevabilité à tous les niveaux : local, national, régional et mondial ;
  • Mobiliser les financements innovants (fonds climatiques, investissements durables, paiements pour services écosystémiques, partenariats public-privé) pour rendre la conservation économiquement viable et accessible à tous ;
  • Soutenir la production, le partage et l’accès aux données scientifiques et aux connaissances locales, pour mieux informer les décisions, suivre les progrès et ajuster les politiques.

Le Congrès est une plateforme pour affirmer que la transition écologique ne peut réussir que si elle est juste, inclusive et portée par les territoires. 

 

4. Quelles liens établissez-vous entre votre action et les thèmes du Congrès ?

Nos priorités nationales sont en forte convergence avec les thématiques du Congrès. Notamment :

  • Sur la thématique 1 (Intensifier les actions de conservation résilientes), nous travaillons activement à une nouvelle loi sur la biodiversité, intégrant les dimensions climatiques et sociales dans toutes les politiques sectorielles.
  • Sur la thématique 3 (Atteindre l’équité), nous faisons de la reconnaissance des APAC (aires du patrimoine autochtone et communautaire) une priorité pour une gouvernance partagée et efficace de la nature.
  • Nous visons aussi une augmentation significative de la protection des écosystèmes d’ici 2029, conformément à l’objectif « 30x30 ».
  • Nous mettons l’accent sur les solutions fondées sur la nature, et sur l’utilisation du numérique et des technologies pour renforcer le suivi et la préservation de la biodiversité.
  • Enfin, nous accordons une attention particulière à l’éducation environnementale, à l’engagement des jeunes et à l’inclusion des femmes, piliers indispensables pour bâtir une transition écologique juste et durable.

En somme, notre approche est inclusive, systémique, centrée sur l’humain et résolument tournée vers l’action, avec une volonté affirmée de faire du Sénégal un moteur de la conservation à l’échelle régionale et mondiale.