Ces histoires figurent parmi les nombreuses initiatives présentées dans un nouveau rapport publié par l'UICN Save Our Species et la Fondation Segré, à l’occasion du Congrès mondial de la nature de l’UICN à Abou Dhabi (9–13 octobre). Intitulé « Fondation Segré Conservation Action Fund: Key results and highlights 2021–2025 », ce rapport montre comment de petites subventions flexibles peuvent avoir un impact considérable, à la fois pour les espèces menacées et pour les communautés qui vivent à leurs côtés.
Ces résultats prouvent que la conservation fondée sur la science et la collaboration crée un impact durable — non seulement pour les espèces, mais aussi pour les communautés qui dépendent de la nature - Dr Grethel Aguilar, Directrice générale de l’UICN
La conservation en chiffres (2021–2025)
Depuis 2021, le Fonds a :
- Soutenu 84 projets dans 41 pays ;
- Ciblé 152 espèces menacées, des vautours et iguanes aux antilopes et raies d’eau douce ;
- Contribué à la préservation de plus de 560 000 hectares de terres et d’eaux ;
- Restauré 10 000 hectares d’habitats ;
- Soutenu plus de 77 000 personnes, dont 20 000 via des moyens de subsistance durables ;
- Formé plus de 3 800 professionnels de la conservation, notamment de jeunes chercheurs en début de carrière.


Donner une chance aux espèces oubliées
L’une des forces de cette initiative est de remettre en lumière des espèces souvent négligées : reptiles, espèces d’eau douce, ongulés et autres groupes sous-financés. Plutôt que de concentrer le soutien sur de grandes ONG internationales, le Fonds a privilégié les organisations locales, les patrouilles autochtones et les jeunes scientifiques, ceux qui connaissent le mieux leur environnement et les réalités du terrain.
Mais la conservation, ici, va bien au-delà de la science : elle investit dans les personnes. En République dominicaine, dans la réserve de biosphère Jaragua–Bahoruco–Enriquillo, des jeunes et d’anciens braconniers patrouillent désormais les forêts sèches pour protéger les iguanes menacés, tout en sensibilisant les enfants à la nature. Au Tchad, dans la réserve d’Ouadi-Rimé Ouadi-Achim, de jeunes scientifiques ont été formés aux méthodes modernes de terrain, tout en collaborant avec les éleveurs pour réduire les conflits de pâturage mettant en péril les antilopes réintroduites.
Et au Népal, dans la province de Madhesh, de jeunes chercheurs ont redécouvert le lézard sitane noir, en danger critique d’extinction, et travaillent avec les communautés locales pour cartographier et protéger son dernier habitat connu. Ces exemples illustrent comment la conservation peut créer des emplois, renforcer la fierté locale et bâtir la résilience des communautés tout en protégeant la biodiversité.

Une approche ciblée et évolutive
Co-créé par la Fondation Segré et l’UICN, le Fonds lance des appels à propositions alignés sur les priorités de la Liste rouge de l’UICN. Depuis 2021, il a progressivement affiné son approche : d’abord axée sur l’ensemble des espèces animales, elle s’est ensuite concentrée sur des groupes spécifiques — reptiles (2022), espèces d’eau douce (2023) et ongulés (2024). Cette évolution a permis de mieux répondre aux besoins identifiés et d’accroître les chances de réussite des projets.

Un modèle pour l’avenir
Alors que les gouvernements et partenaires se réunissent au Congrès pour accélérer la mise en œuvre du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, le rapport envoie un message clair : il faut soutenir une conservation centrée sur les communautés, encourager les jeunes scientifiques, intégrer les moyens de subsistance durables et renforcer la résilience à long terme.
Le rapport conclut sur un message simple et puissant : de petits investissements ciblés, lorsqu’ils s’appuient sur le leadership local et l’expertise scientifique, peuvent déclencher des dynamiques de conservation durables, bien au-delà de la durée d’une seule subvention.
